Derrière des murs inondés par le soleil de Provence, des abbayes séculaires cachent églises et cloîtres ombragés où flotte l’imaginaire médiéval. Des lieux épurés et inspirants qui abritent encore des communautés monastiques ou sont reconvertis en lieux expositions. Voici nos abbayes préférées pour se ressourcer en Provence cet été.
Sénanque en son champ de lavandin
C’est la vedette des abbayes provençales, probablement car elle trône au milieu d’un champ de lavandin qui l’assortit d‘un irrésistible pouvoir photogénique. Cette abbaye cistercienne située près de Gordes, dans le Luberon, appartient au Prieuré de l’abbaye de Lérins. Elle abrite une communauté de moines venus de l’île au large de Cannes. Ils pratiquent la culture de la plante aromatique la plus célèbre de Provence (la lavande, bien sûr), fabriquent du miel et accueillent le temps d’une retraite les personnes qui souhaitent partager leur vie de prière et de recueillement.
Le Thoronet, un écrin pour l’art contemporain
Cachée au cœur de la forêt méditerranéenne, entre Brignoles et Draguignan, entre Provence et Côte d'Azur, l’abbaye du Thoronet déploie une architecture épurée. La simplicité des volumes et l’absence d’ornementation de cet édifice cistercien frappent le visiteur comme ils frappèrent autrefois Le Corbusier en visite en 1953. Un cadre rêvé pour exposer des artistes comme le photographe d'art et de décoration François Halard dont les œuvres sont accrochées du 23 juin au 17 septembre 2023.
Silvacane, la plus secrète des "trois sœurs provençales"
Avec Sénanque et Le Thoronet, elle est la troisième abbaye cistercienne élevée en Provence. À la Roque d’Anthéron, le long de la Durance et face au massif du Luberon, l’abbaye de Silvacane cultive l’esprit de sobriété et témoigne du mariage réussi de l’art roman et de l’art gothique. Une curiosité ? Le bassin de 38 mètres de long qui s’étire jusque devant sa façade, un ancien vivier de poissons. Expositions, concerts et festivals rythment ici une année culturelle dense. Le plus célèbre événement reste le Festival international de piano de La Roque d’Anthéron, qui livre certaines de ses plus belles représentations dans l’abbaye en été.
Montmajour, haut-lieu culturel
Près d’Arles, cette abbaye fondée en 948 par des moines bénédictins accueille des lectures, des expositions photographiques dans le cadre des Rencontres d’Arles et même des œuvres d’art pensées pour elle, comme "Ascension" créée pour le chœur par l’artiste Alain Kirili. Un héritage de l’époque où des moines cultivés de Montmajour lisaient Molière, Cervantès ou l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert. À ne pas rater : le bestiaire roman du cloître qui intrigue avec ses sculptures d’animaux réels ou monstrueux.
Ganagobie, suspendue au-dessus de la vallée de la Durance
Vibrant témoignage de l’art de la mosaïque en France, l’église de Ganagobie arbore un somptueux pavement de mosaïques médiévales polychromes où s’affrontent chevaliers et monstres féroces. On ne risque pas cependant de rester les yeux rivés au sol dans cette abbaye qui domine la vallée de la Durance entre Manosque et Sisteron et jouit d’une vue époustouflante. Des moines bénédictins de la communauté Sainte-Madeleine sont installés dans l’abbaye depuis 1992. Ils accueillent le public pour les offices, des retraites spirituelles et tiennent une boutique d’artisanat monastique.
Par Charlotte Cabon
Journaliste