Le Niçois Guillaume Néry, 41 ans, qui a participé aux championnats du monde d'apnée en profondeur de 2019. Une compétition qu'il a abordée… sans pression. Rencontre avec cet amoureux de la Méditerranée.
Vous aviez cessé la compétition en 2015, à la suite d'un accident en plongée. Et vous revoilà sur les rangs pour ces championnats du monde d'apnée…
Guillaume Néry : À l'époque, j'avais besoin de passer à autre chose, de cesser d'être dans une chasse permanente aux records. Cette pause m'a fait beaucoup de bien. L'an dernier, j'ai, par exemple, tutoyé les profondeurs autrement, en descendant à -105 mètres en maillot de bain, sans combinaison. Cette expérience, que tout le monde jugeait un peu folle, m'a beaucoup plu, elle a changé mon rapport à la performance. Aujourd'hui, je n'aborde pas ces championnats du monde dans une optique sportive, pour battre des records. Mais, peut-être que cette approche désintéressée, sans stress, me permettra justement de descendre très profond.
Vous qui êtes niçois, vous avez l'habitude d'accueillir l'élite de votre sport !
G.N. : Exact, on a déjà accueilli les mondiaux à quatre reprises depuis 1996. Cette année, les spectateurs pourront suivre gratuitement les épreuves en direct sur un écran géant, installé dans le village sportif. Il y aura, en effet, un drone sous-marin qui filmera les apnéistes pendant les plongées. Le public pourra aussi échanger avec les 140 athlètes, de 40 nationalités, qui sont tous très accessibles. Pour ceux qui n'auront pas la chance de venir à Villefranche-sur-Mer, il reste la possibilité de suivre la compétition en direct sur YouTube et sur Facebook.
Pour un apnéiste, le lieu de la compétition a-t-il une importance ?
G.N. : L'endroit où l'on plonge influe sur la préparation. La salinité joue à la marge, ce qui compte, c'est surtout la température de l'eau. En septembre, la Méditerranée sera aux alentours de 25 à 26 °C en surface. Mais, à seulement 14 ou 15 °C en profondeur. Avec un refroidissement non pas progressif, mais brutal, aux environs de 20 mètres de profondeur. Moi qui suis originaire du coin, je sais très bien comment gérer ce choc thermique. Contrairement aux apnéistes des tropiques, qui ont l'habitude de s'entraîner dans des eaux plus chaudes, à la température quasi constante.
La Méditerranée est-elle un beau terrain de jeu pour un apnéiste ?
G.N. : Absolument. En France, il y a de très beaux spots sur la Côte d'azur ou en Corse. Au large de nos côtes, on peut admirer des falaises de calcaire ou de grands tombants avec des reliefs rocheux. On peut aussi observer des algues, des plantes comme les posidonies, du sable blanc. Avec un peu de chance, on peut même tomber sur des cachalots ou des globicéphales, ces cétacés qu'on appelle souvent des dauphins-pilotes parce qu'ils aiment suivre les bateaux.
Cette compétition promet d'être exemplaire sur le plan écologique. Les apnéistes sont-ils sensibles à la cause environnementale ?
G.N. : On est les premiers témoins de l'impact de l'homme sur les mers et les océans. Pour ma part, je reviens tout juste d'une expédition en Antarctique, où la température de l'eau n'est jamais descendue en dessous de 14 °C au plus froid de l'hiver, ce qui n'était jamais arrivé. En Méditerranée, on observe aussi une raréfaction des gros individus dans toutes les espèces de poissons. Mais, heureusement, il y a des possibilités d'agir. L'interdiction de la pêche au mérou ou au thon, par exemple, a eu des effets très rapides. Aujourd'hui, on voit de nouveau ces deux espèces un peu partout en Méditerranée, y compris dans la rade de Villefranche-sur-Mer. Quand on crée des réserves naturelles, c'est pareil. En Corse, à Port-Cros, les résultats sont assez spectaculaires.
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Par Stéphane Béchaux
Journaliste défricheur. J'aime explorer les coulisses, les bas-côtés, les arrière-cours. Et faire parler les autres de leur métier, de leurs passions.