A force de côtoyer des entrepreneurs, Aurore Sterling a eu envie, elle aussi, de lancer son projet. C’est désormais chose faite avec la nouvelle plateforme Hortense.green, qui recense des hébergements écoresponsables haut de gamme. Rencontre.
France.fr : Vous venez du monde de la finance. Comment avez-vous atterri dans le secteur du voyage ?
Aurore Sterling : Je travaillais dans un fonds d’investissement, qui m’amenait à côtoyer les entrepreneurs dont on finançait les projets. J’y ai pris goût, sans doute ! Cela m’a donné envie de porter moi aussi un projet entrepreneurial. J’aime beaucoup voyager, j’aime l’hôtellerie haut de gamme et les endroits d’exception… et je suis très sensible à la cause écologique. Plusieurs fois, je me suis dit qu’il manquait une plateforme qui me permette de trouver un hébergement en accord avec mes valeurs. Alors, je l’ai créée !
France.fr : Pourriez-vous nous présenter Hortense Green en quelques mots ?
A.S. : C’est une plateforme de réservation d’hébergements écoresponsables haut de gamme, situés pour l’immense majorité en France. Aujourd’hui, nous recensons 60 lieux, mais nous en aurons 150 d’ici la fin de l’année 2023. Je choisis d’abord des hébergements qui me plaisent, de beaux endroits qui ont du charme et du caractère ; puis je les audite grâce à un questionnaire très détaillé, portant sur des critères objectifs : gestion de l’eau, de l’énergie, construction, politique d’achats notamment alimentaires… on s’assure que l’hébergement a une démarche écoresponsable. Notre questionnaire contient 150 items, et il faut une note minimale de 5/10 pour pouvoir intégrer le site.
"L’écoresponsable, ce n’est pas de l’insolite ! En sélectionnant des hébergements haut de gamme, on apporte un regard différent sur cette offre, en la sortant des clichés"
France.fr : C’est quoi, un hébergement écoresponsable ?
A.S. : Un hébergement qui limite au maximum son impact sur l’environnement, tout en ayant à cœur de proposer un modèle durable : la notion de responsabilité sociale est pour moi indissociable de celle d’écoresponsabilité. Prenons un exemple. Mettre en place une politique intelligente de gestion des déchets, c’est bien. Sensibiliser son client aussi, avec des panneaux l’incitant à choisir la bonne poubelle. Mais si l’on ne prend pas le temps de former correctement ses salariés pour qu’ils en soient eux aussi pleinement partie prenante, cela ne sert pas à grand-chose. Il faut réfléchir son offre, et son impact, à 360 degrés.
France.fr : Où en est l’offre d’hébergement écoresponsable en France ?
A.S. : Elle existe, mais elle a longtemps souffert d’un cliché qui la limitait à l’écoconstruction : on avait l’impression qu’un hébergement écolo, c’était forcément une cabane dans les bois ou une roulotte… Or, l’écoresponsable, ce n’est pas de l’insolite ! En choisissant des hébergements haut de gamme, on apporte un regard différent sur cette offre, en la sortant des clichés. La France a tant de lieux touristiques à visiter, l’hôtellerie est très développée et évolue vite, avec de nouveaux acteurs qui arrivent et des acteurs déjà existants qui font évoluer leurs pratiques. L’offre durable est en plein essor.
France.fr : L'offre d'hébergements écoresponsables disponibles en France est-elle assez visible ?
A.S. : Pas vraiment. Il existe des labels écoresponsables, notamment La Clef verte et l’Ecolabel européen, mais ils ne sont pas toujours bien connus des visiteurs. Et certains hôteliers très engagés, qui ont des démarches vraiment vertueuses, n’osaient pas se mettre en avant. L’écologie fait tellement partie de leur ADN qu’ils ne voyaient pas l’intérêt d’en parler. C’est en train de changer.
France.fr : Les voyageurs intègrent-ils les questions de durabilité au moment de choisir leur hébergement?
A.S. : C’est en train de changer car les clients sont de plus en plus sensibles à ces notions et interrogent les hôteliers sur leurs pratiques durables. Ils veulent savoir. Il y a un changement de paradigme : il y a encore deux ans, l’écoresponsabilité n’était pas un argument commercial. C’en est clairement un aujourd’hui !
France.fr : Qu’apporte Hortense.green à cette offre durable ?
A.S. : Je crois que la plateforme apporte un regard différent, parce que l’on choisit des hébergements haut de gamme. J’ai envie de redéfinir la notion de luxe. De nos jours, le luxe, c’est l’expérience. Un bel endroit ne suffit pas, il faut vivre une expérience. Les voyageurs veulent participer à un lieu de vie, rencontrer des gens, créer du lien. C’est pour cela que l’on noue des partenariats très étroits avec les hébergements que l’on choisit, on embarque dans une aventure commune.
France.fr : Accompagnez-vous les hébergements écoresponsables dans leur évolution ?
A.S. : Oui, grâce à notre programme Evergreen, 1% de notre volume d’affaires est placé sur un compte séquestre, qui servira à financer des projets de développement chez nos hébergeurs partenaires. Chacun pourra présenter son projet (installer des panneaux photovoltaïques, des récupérateurs d’eau…), et il sera soumis au vote de l’ensemble des partenaires. Le voyageur peut aussi financer directement le fonds s’il le souhaite.
France.fr : Comment voyager de façon écoresponsable tout en se faisant plaisir, d’après vous ?
A.S. : Il me semble que quand on est écolo au quotidien, on a envie de le rester en voyage. Tous les jours, je prends ma gourde, je privilégie des douches courtes, je trie mes déchets… Je n’ai pas envie d’oublier tout ça quand je suis en voyage. Mais le voyage est par essence un moment où l’on change nos habitudes. Par exemple, à l’hôtel, on peut avoir envie de prendre un bain, même si on ne le fait jamais au quotidien. Alors si l’hôtel a une politique intelligente de gestion de l’eau, c’est mieux !
France.fr : Avez-vous trois hébergements coups de cœur à partager ?
A.S. : J’adore la Villa Saint-Ange, à Aix-en-Provence. C’est un lieu aussi luxueux qu’engagé. J’aime aussi le Victoria Palace, à Paris. Ils sont très performants sur leur équipement notamment, la gestion de l’eau et de l’énergie, la politique d’achats en circuits courts. Enfin, je citerai le Pinarello, un hôtel intime situé sur l’une des plus belles plages du sud de la Corse, près de Porto-Vecchio.
Par Caroline Revol-Maurel
Journaliste passionnée de nature sauvage, de voyage et de rock, j'écris aussi bien sur les gypaètes barbus que sur Lou Reed. Souvent accompagnée de deux petites filles au sens critique bien aiguisé.