Les Chemins de mémoire de la Grande Guerre dans les Hauts-de-France

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L'Anneau de la Mémoire, où sont gravés les noms des 580 000 soldats disparus au cours de la Grande Guerre.
© Brimeux - AdobeStock - L'Anneau de la Mémoire, où sont gravés les noms des 580 000 soldats disparus au cours de la Grande Guerre.

Temps de lecture: 0 minPublié le 30 novembre 2009, mise à jour le 19 novembre 2018

De la Première Guerre mondiale, il demeure aujourd’hui dans les Hauts-de-France un patrimoine riche et méconnu. Nécropoles militaires, mémoriaux et vestiges sont autant de témoins, poignants et silencieux, des événements qui ont nourri ce conflit. Petit tour d'horizon de ces sites exceptionnels, pour un parcours de mémoire.

En invitant à la découverte de ces sites, « les Chemins de mémoire de la Grande Guerre dans les Hauts-de-France » permettent à la fois de comprendre ces pages majeures de l’histoire européenne et mondiale et de rendre hommage aux hommes et aux femmes qui, parfois venant des antipodes, reposent désormais dans la région.

Les 4 Chemins de mémoire des Hauts-de-France

  • Le Front
  • La guerre de mouvement et la 1ère occupation allemande
  • Le littoral, base arrière des armées alliées
  • La reconstruction dans les territoires dévastés

Le Front

Fin 1914, l’espoir d’une victoire rapide s’estompe dans chaque camp. Courant depuis la côte belge jusqu’aux Vosges, la ligne de Front s’étale dans les Hauts-de-France comme une immense balafre entre la Flandre et l'ancienne région Picardie.

Les très nombreux cimetières militaires qui demeurent aujourd’hui dans la région démontrent, par la diversité des nations qui y sont représentées, à quel point cette guerre a été un conflit mondial. Ainsi, à quelques 20 km de Lille, se trouvent le parc mémorial australien de Fromelles, ainsi que le Mémorial indien de Neuve-Chapelle qui côtoie le cimetière militaire portugais de Richebourg.

Entre Lens et Arras, les Collines d’Artois abritent de nombreux lieux de mémoire conçus pour rendre hommage aux hommes de l’armée française tombés notamment lors des offensives de mai et septembre 1915 dans le secteur. Ainsi, avec 20 000 tombes, auxquelles s’ajoutent les corps de 22 000 autres soldats en ossuaires, la Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette à Ablain-Saint-Nazaire demeure le plus grand cimetière militaire français. Face à cette nécropole se trouve l'Anneau de la Mémoire, à l'intérieur de ce monument, conçu en forme d'ellipse, sont gravés les noms des 580 000 soldats tombés dans la région au cours de la Grande Guerre, par simple ordre alphabétique, sans aucune distinction de nationalité, de grade ou de religion. Ce mémorial est un appel aux citoyens d'aujourd'hui à se souvenir des ravages causés par la Grande Guerre et à préserver ensemble ce fragile acquis qu'est la Paix.

Non loin de là, à Neuville-Saint-Vaast, a été créée après-guerre la Nécropole allemande de la Maison-Blanche, la plus vaste de France, où ont été regroupés les restes de plus de 44 800 hommes tombés sur les champs de bataille de la région.

En préparation de la bataille d’Arras qui doit faire diversion à l’offensive française prévue sur le Chemin des Dames, l’armée britannique organise un vaste réseau souterrain dont une partie est à présente accessible au public : la Carrière Wellington.

Le 9 avril 1917, l’assaut est lancé. Au nord, les Canadiens réussissent à s’emparer de la Crête de Vimy marquant une page majeure dans l’histoire de leur nation. C’est au sommet de cette crête que se dresse l’un des plus beaux monuments commémoratifs de la Grande Guerre : le Mémorial canadien de Vimy.

Non loin, se trouvent également le Mémorial terre-neuvien de Monchy-le-Preux et le Parc mémorial australien de Bullecourt, autres sites témoins de cette offensive britannique face à Arras.

Le 20 novembre 1917, l’armée britannique déploie de façon inédite 476 tanks pour l’offensive qu’elle lance face à Cambrai. Le Mémorial de la bataille de Cambrai à Louverval évoque cette page nouvelle de la guerre technique.

La guerre de mouvement et la première occupation allemande

Fin août 1914, après avoir traversé la Belgique, l’armée allemande se heurte, dans sa route vers Paris, à la place de Maubeuge dont la ceinture fortifiée a été développée dans le cadre de l’organisation Séré de Rivières. Le siège de la place dure 10 jours au cours desquels les forts et fortins, dont le Fort de Leveau aujourd’hui visitable, subissent le feu de l’artillerie allemande. La reddition de la place est officielle le 8 septembre 1914. Après l’échec de la 1ère bataille de la Marne et la « course à la mer », le Front se fige et les armées s’enterrent. La guerre de mouvement devient une guerre de position. L’armée allemande occupe les territoires conquis qui incluent la Métropole lilloise, une majeure partie du Bassin minier des Hauts-de-France et la partie méridionale du département du Nord. Face aux règles imposées par la nouvelle autorité militaire, des formes de résistance se développent avant de subir une dure répression. Le Mur des Fusillés lillois rappelle ainsi l’exécution le 22 septembre 1915 des membres dirigeants du réseau Jacquet, ainsi que celle du jeune Léon Trulin quelques semaines plus tard.

L’année 1918 marque le retour à la guerre de mouvement. Après les offensives allemandes du printemps, les armées alliées placées sous le commandement unique du Maréchal Foch lancent en août une vaste offensive qui brise les défenses allemandes.

Le 4 novembre demeure depuis une date importante de commémorations : au pied du Mémorial néo-zélandais du Quesnoy, les habitants de la ville rendent hommage aux troupes à la feuille de fougère (symbole de la Nouvelle Zélande) qui les ont libérés, alors qu’aucimetière du village d’Ors, près du Cateau-Cambrésis, est célébrée l’œuvre majeure du poète de guerre, Wilfred Owen, tué ce même 4 novembre 1918.

Le Littoral, base arrière des armées alliées

En 1916, le Grand Quartier Général de l’armée impériale britannique se fixe à Montreuil-sur-Mer qui devient alors le cœur d’une immense zone logistique qui s’étire tout au long des côtes de la Manche. Par les ports du littoral, comme à Calais et Boulogne-sur-Mer, transitent aussi bien le ravitaillement que les troupes provenant de tout l’Empire britannique. Après entraînement dans l’immense camp d’Étaples, les soldats rejoignent les différentes zones du Front sous contrôle britannique : les Flandres, l’Artois et la Somme. Les tâches logistiques sont confiées à des unités de travailleurs volontaires (les Labour Corps) rassemblant des Égyptiens, des Indiens, des Sud-Africains natifs et des Chinois, dont certains reposent dans le carré militaire du cimetière de Saint-Étienne-au-Mont au sud de Boulogne.

Plus grand cimetière du Commonwealth de France, le cimetière militaire d’Étaples rappelle également l’activité des nombreux complexes hospitaliers qui s’organisent le long de la côte afin de soigner les blessés du Front. Les hommes qui y succombent sont inhumés dans les cimetières proches, comme l’a été, au cimetière de Wimereux, le poète canadien John McCrae, auteur du célèbre poème « In Flanders Fiels » (Dans les champs de Flandres).

La Reconstruction des territoires dévastés

Pour la reconstruction des villes ravagées par la guerre, des choix sont opérés selon les souhaits des élus et les propositions des architectes. Arras renoue avec son riche patrimoine grâce à une reconstruction à l’identique des façades des maisons bordant ses places, de son hôtel de ville et de son beffroi.

En Flandre, des villes comme Bailleul et Armentières adoptent, sous l’influence de l’architecte Louis-Marie Cordonnier, un style régionaliste. A l’instar de Cambrai ou encore de Lens, d’autres communes feront le choix de la modernité en adoptant le style Art Déco. Comme le montre les façades dominant sa Grand’ Place, Béthune réussit quant à elle la synthèse entre régionalisme et Art Déco.

Par France.fr

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