Comment j'ai créé un bijou à l'Ecole des Arts Joailliers de Paris

L’école est nichée au premier étage d’un bel hôtel particulier du XVIIIème siècle. On échange son blouson contre un badge et on suit un charmant hôte qui nous invite à boire un thé avant de nous lancer dans l’aventure. Frétillante de curiosité j’interroge les autres élèves, qui sont ces gens qui viennent jouer les apprentis joailliers un vendredi matin ? Il y a une étudiante japonaise en histoire de l’art, une créatrice de bijoux fantaisie, un jeune retoucheur photo, une new yorkaise passionnée d’orfèvrerie et une trentenaire en recherche de reconversion.

Les professeurs nous appellent, nous enfilons une très professionnelle blouse blanche et devons nous séparer en deux petits groupes, un pour la maquette, l’autre pour le dessin où je choisis d’aller attirée par la jolie paire de boucles d’oreilles de l’animatrice.

L'animatrice nous installe avec une feuille de canson grise et nous parle du processus créatif du bijou les recherches, la documentation, avant de nous annoncer que le studio de création a demandé qu’aujourd’hui nous nous consacrions à la réalisation d’une broche papillon. Elle sera en platinium et ornée de six diamants. Nous dessinons d’abord le papillon au critérium, il faut être précis et utiliser un gabarit pour faire les ronds bien ronds, puis passons à la gouache. Je constate que dessiner les 57 facettes d’un diamant tout petit avec un pinceau si fin soit il est un exercice délicat et laborieux. L’animatrice qui est en réalité une grande dessinatrice du studio Van Cleef nous montre les différentes techniques avec une patience d’ange et une bienveillance totale même envers mon gribouillis tout flou.

Le temps file et il faut déjà passer à la maquette, notre dessin de papillon est collé sur une petite plaque en étain, le matériau réellement utilisé pour la réalisation des maquettes en orfèvrerie, et nous devons en suivre les traits pour la découper à la scie. La maquettiste et le joaillier nous montrent les bons gestes et assurent notre sécurité. Découper le métal et voir apparaître peu à peu le futur bijou est grisant. Je découpe trop l’aile droite de mon papillon, la maquettiste me montre comment rattrapper le coup avec une soudure. Il s’agit ensuite de placer les ziroons, figurant les futurs diamants.

Je m’équipe d’une paire de lunettes loupe et même avec cette aide je vise avec difficulté les tout petits trous où les coller. Sur le vrai bijou ils seront sertis, c’est à dire fixés avec du métal, mais pour la maquette les coller est suffisant pour avoir une idée du rendu. A la fin des quatre heures chacun a réalisé son papillon. C’est la remise des diplômes, nous repartons avec nos papillons et un joli tote bag. Fiers et pleins d’étoiles dans les yeux nous rendons nos blouses et ressortons bluffés de cette jolie expérience.