Dans les Hauts-de-France, la pierre pour compagne

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F. Maréchal - Jean-Michel Bouchard dans son atelier, à Fresne-l’Eguillon.
© F. Maréchal - Jean-Michel Bouchard dans son atelier, à Fresne-l’Eguillon.

Temps de lecture: 0 minPublié le 17 mai 2017

C’est dans les Hauts-de-France, où tant de châteaux et cathédrales dressent majestueusement leurs tours et flèches vers le ciel, que Jean-Michel Bouchard taille la pierre. Rencontre avec un artisan passionné.

Meilleur Ouvrier de France en taille de pierre en 2004, lauréat "Stars et Métiers" en 2014 et même "Trésor vivant de l’artisanat" dans la promotion Saint Eloi la même année… N’en jetez plus, Jean-Michel Bouchard est un artisan, un vrai ! Un de ceux qui continuent de porter haut et fier les savoir-faire ancestraux et mettent un point d’honneur à les transmettre.

Il faut pourtant le vouloir pour arriver jusqu’à lui, à Fresne-l’Eguillon, petit village d’à peine 500 habitants où il a installé son atelier il y a 18 ans. Ici, on est tout au sud du département de l’Oise et donc en bas des Hauts-de-France, cette région qui réunit depuis peu le Nord-Pas- de-Calais et la Picardie. Jean-Michel Bouchard lui est Picard, né là mais revenu à la trentaine seulement, après un tour de France avec les Compagnons qui lui ont appris son beau métier de tailleur de pierres.

Tradition médiévale

Ce sont les coups de marteau et de burin qui guident les pas, rue Nationale. D’un côté l’atelier, de l’autre la salle d’exposition où chapiteaux, blasons, cheminées, dallages, sculptures délicatement ciselés racontent le talent du maître des lieux. Il en impose avec sa haute stature, tout de blanc vêtu, une couleur cache-poussière parfaitement assortie à sa belle chevelure, sa barbe généreuse et ses moustaches bien… taillées. A l’oreille, l’anneau d’or rappelle, selon la tradition médiévale, qu’il est et reste un Compagnon du Devoir.

Descendant des bâtisseurs de cathédrales, Jean-Michel Bouchard a lui-même œuvré à quelques belles restaurations. Celle de la cathédrale du Caire après le tremblement de terre en 1992 mais aussi celles de Tours, Orléans, Bordeaux. A Paris, les frontons du Théâtre du Chatelet, de l’Assemblée nationale et quelques tombes du cimetière du Père Lachaise portent l’empreinte de son passage. L’homme est modeste mais conscient de transcender le temps qui passe. "On travaille sur des cailloux qui ont des millénaires et en traverseront d’autres."

Granit et marbre

La pierre, il en parle comme d’une matière vivante et vibrante. Dans les Hauts-de-France, c’est un calcaire dur et tendre à la fois qu’il façonne, mais "j’aime aussi le granit de Bretagne ou le marbre". Chaque réalisation, escalier, salle de bains, cheminées, -puisqu’il répond aussi aux commandes de particuliers-, est unique. "Je ne fais que du sur mesure." A ses heures perdues, celui qui est devenu maire de son village, participe à la rénovation de l’abbaye de Marcheroux, à quelques kilomètres. Cela fait des années que le chantier est en cours, ouvert au public chaque mois de septembre lors des Journées du patrimoine.

"On est bien dans ce coin de France", raconte-t-il en vantant la confluence des territoires, le Nord, la Normandie, l’Ile-de-France, qui favorise la diversité architecturale. Bois, silex, ardoise, petites tuiles et pierre bien sûr, ici tous les matériaux et styles sont représentés. "C’est une chance et on se bat pour préserver cette richesse." Bon sang d’artisan ne saurait mentir.

Par Pascale Filliâtre

Journaliste-voyageuse. Je suis souvent allée au bout du monde chercher ce que la France offre… juste à côté. filliatre.pascale@orange.fr

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