Dans le secret des jardins de Villandry

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F. Paillet
© F. Paillet

Temps de lecture: 0 minPublié le 17 janvier 2024

Jardin de la France, jardins à la française, jardins Renaissance, jardins à l’anglaise… Autant de dénominations qui intriguent et qui méritent bien les éclairages d’un spécialiste. M. Henri Carvallo, propriétaire du Château et des jardins de Villandry, nous initie aux arcanes de l’art du jardinage, en s’attardant bien entendu sur les merveilles de son domaine. En route pour un enchantement visuel, olfactif et gourmand...

Pourquoi surnomme-t-on le Val de Loire « jardin de la France » ?

Henri Carvallo : C’est l’écrivain François Rabelais qui l’a ainsi qualifié. Grâce à son climat tempéré très agréable et à ses bonnes terres avec la Loire et ses affluents, le Val de Loire est très propice au développement des jardins. Il a aussi été le lieu de résidence des rois de France pendant 100 ans. Les guerres d’Italie, fin du XVème et début du XVIème siècle, ont fait venir ici des artistes et des jardiniers italiens, notamment le très connu Dom Pacello de Mercogliano, qui a ici initié les jardins Renaissance en Val de Loire.

Jardins à la française, Renaissance, à l’anglaise… quelles différences entre tous ces jardins ?

Henri Carvallo : Le jardin « à l’anglaise » (XIXème siècle) désigne un parc avec des pelouses et des grands arbres, où la nature est assez libre. Le jardin à la française (XVI-XVIIe siècles), formel et structuré, vient prolonger l’architecture du château. Les végétaux, comme le buis, sont sculptés (art topiaire). Parmi les jardins à la française, on distingue plusieurs périodes. Il y a les jardins Renaissance, comme ici à Villandry, encore sous l’influence du Moyen-Âge avec des terrasses, organisées en cloitres, qui s’enroulent autour du château. Et puis il y a les jardins à la française du XVIIème siècle, avec Versailles et le célèbre jardinier Lenôtre, organisés selon un grand axe perpendiculaire au château.

Pouvez-vous nous parler de ces fameuses terrasses ?

Henri Carvallo : Ce sont différents niveaux de jardins. Ici, il y en a trois principaux. Le jardin potager décoratif, au niveau le plus bas, s’étend sur un hectare. On y trouve de nombreux légumes. Au second niveau, le jardin d’ornement, composé de deux salons : jardin d’amour et jardin de la musique. Enfin, le troisième : la pièce d’eau. Nous avons récemment créé un quatrième niveau : le jardin du soleil. Soit, au total, 7 hectares de jardin. Nous avons aussi une orangerie qui est troglodytique (dans le rocher), où les orangers passent l’hiver.

Combien de jardiniers pour s’occuper du jardin de Villandry ?

Henri Carvallo : Ils sont dix à s’en occuper au quotidien, même l’hiver ! C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du jardin à la française : la structure étant maitrisée par l’homme, il demande beaucoup d’entretien. De la taille, notamment : 30 km de buis, 10 km de charmille, 1000 tilleuls… Le désherbage se fait manuellement et nos traitements sont biologiques. Et comme nous avons beaucoup de visiteurs, les grandes allées sont suffisamment piétinées pour qu’il n’y ait pas de mauvaises herbes !

Potirons, tomates… que deviennent les légumes du potager ?

Henri Carvallo : Récoltés et consommés ! Ils sont très bons. Le personnel et les jardiniers en profitent toute l’année et nous en donnons aux visiteurs. D’ailleurs, le dernier weekend de septembre, nous organisons « les journées du potager ». Tout le monde peut repartir avec des légumes.


Recommandations et conseils Qu’ils soient royaux, anglais, contemporains ou potagers, les Jardins du Val de Loire vous livrent leur spectacle en perpétuel renouvellement au fil des saisons. Alors, si vous souhaitez vous immerger dans des paysages où la nature se présente sous son plus beau jour, direction la région Centre-Val de Loire qui ne compte pas moins de 31 espaces labellisés « Jardin remarquable ». Les points positifs d’un point de vue pratique et écoresponsable : ils sont situés entre 1h et 2h de Paris en train et la liaison entre chaque site est facilement réalisable par navettes, vélos ou trains. Bel émerveillement végétal à vous !

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Par Aurélie Michel

Journaliste pour le web et la presse magazine dans les domaines du tourisme, du sport et de la cuisine. Passionnée de photographie et de surf.

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