Dans les coulisses de la rénovation de la Bourse de Commerce

L'édifice historique n'en finissait pas de susciter la curiosité des Parisiens et des visiteurs de passage dans le quartier des Halles en plein centre de Paris. Cachée derrière des bâches et des échafaudages, la Bourse de Commerce a, en effet, fait entièrement peau neuve au terme de trois ans de travaux (de 2018 à 2021). Le monument s'est transformé pour accueillir une partie de la Collection Pinault, détenu par l’homme d’affaires et mécène français François Pinault, un grand collectionneur d’art contemporain qui possède plus de 5 000 œuvres couvrant les XXe et XXIe siècles.

Pour mener à bien ce nouveau projet, François Pinault est resté fidèle à Tadao Ando, l’architecte qui a œuvré à la réhabilitation des édifices vénitiens accueillant ses collections. Ce dernier a déclaré : « En hommage à la mémoire de la ville, gravée dans les murs de la Bourse de Commerce, j’ai créé un nouvel espace qui s’emboîte à l’intérieur de l'existant pour revitaliser l’ensemble du volume dédié à l’art contemporain. L'architecture comme trait d’union entre le passé, le présent et le futur ». La coupole s’est ainsi métamorphosée sous les croquis du maître pour mieux magnifier les œuvres de la Collection Pinault.

Les travaux de transformation du bâtiment de la Bourse de Commerce ont été réalisés en un temps record pour un tel projet, malgré le retard pris par la crise sanitaire. Parmi les transformations notables : le cylindre conçu par Tadao Ando habille l'intérieur du bâtiment et accueille de part et d'autre de ses parois des espaces répartis en modules de 100 à 600 m². En tout, le centre d’art offre ainsi plus de 6 800 m² d’espaces d’exposition. Ils accueillent des accrochages thématiques et des expositions monographiques, mais aussi des productions nouvelles, des commandes, des cartes blanches et des projets in situ.

Emblématique du bâtiment de la Bourse de Commerce, la coupole de verre et de métal a été classée au titre des Monuments historiques en 1986. Mais l'édifice attire l'attention des protecteurs du patrimoine bien plus tôt, à commencer par la colonne Médicis classée en 1862, en même temps que Notre-Dame de Paris ou la Sainte-Chapelle, avant le classement total du bâtiment en 1975. La coupole fait toujours l'objet d'une attention particulière dans le cadre de la transformation : "La charpente en fonte et fer de la coupole est conservée et une nouvelle verrière intégre des produits verriers dont la technologie améliore(ra) considérablement la conservation préventive des décors peints et des oeuvres exposées", détaille le site de la Collection Pinault. Au-delà de la coupole, le projet de restauration a été global, entre les façades extérieures et intérieures, les toitures, ou encore les toiles marouflées en pied de coupole...

Le panorama enroulé à l'intérieur de la coupole compte parmi les trésors de la Bourse de Commerce. Alix Laveau, et son équipe de restauratrices habilitées par la Direction des musées de France ont travaillé sur des échaffaudages à 20 mètres du sol pendant plusieurs mois à la restauration de cette fresque historique datant du XIXe siècle et couvrant plus de 1.400 m², soit 10 mètres de haut et 140 mètres de large ! Classée au titre des Monuments historiques, l'immense toile réalisée par cinq artistes loue les échanges commerciaux entre les cinq continents. Les visiteurs peuvent (re)découvrir ce "Panorama du commerce" depuis la passerelle installée au sommet du cylindre conçu par l'architecte Tadao Ando.

La Bourse de Commerce trône à l'extrêmité ouest du quartier des Halles, en lisière des jardins des Halles et de la rue du Louvre, à deux pas des quais de Seine. A quelques minutes à pied se trouve le musée du Louvre, et à 10 minutes le Centre Pompidou. Par cette transformation d'envergure et les œuvres exposées, l'arrivée de la Collection Pinault enrichit encore le patrimoine architectural et la vocation artistique et culturelle de ce quartier du 1er arrondissement de Paris. À noter que François Pinault a confié l'ameublement et l'agencement intérieurs du musée à Ronan et Erwan Bouroullec, et les rênes du restaurant qui a pris place au dernier étage du bâtiment aux chefs Michel et Sébastien Bras.