Première femme à décrocher le titre de meilleur sommelier de France, quelques semaines après celui de meilleur ouvrier de France, Pascaline Lepeltier est entrée dans l'histoire en 2018 avant de représenter la France avec brio lors de l’édition 2023 du Meilleur sommelier du monde décrochant une honorable quatrième place. Installée à New-York depuis près de 15 ans, cette Angevine conseille les clients de son restaurant. Entretien avec cette ambassadrice des vins tricolores, grande supportrice de ceux du Val de Loire.
Votre établissement propose une carte des vins riche de 2 500 références, essentiellement françaises. Les vins de l'Hexagone ont-ils toujours la cote ?
Pascaline Lepeltier : La France demeure encore et toujours le grand pays du vin. C'est la référence ultime, avec laquelle personne ne peut rivaliser. Vraiment personne. L'Italie a bien de grands Barolo, mais ils ne tiennent pas la comparaison avec nos grands crus de Bourgogne ou de Bordeaux. Nos appellations d'origine contrôlée peuvent paraître contraignantes à certains producteurs, mais cela reste un système fantastique pour élaborer des vins d'expression, de terroir.
On entend souvent que les vins français sont chers par rapport à ceux produits en Australie, au Chili ou en Argentine, aux États-Unis…
Pascaline Lepeltier : En entrée de gamme, à cinq dollars la bouteille, les vins français prennent des claques. La France n'est pas très compétitive pour fabriquer des boissons alcoolisées à base de jus de raisin, vendues en supermarché ! Mais si on parle de vins d'expression, de vins de cépages autochtones, qu'on peut faire vieillir et qui vous transporte, alors là, c'est autre chose. À partir de 15 dollars la bouteille, le rapport qualité/prix s'avère excellent. Et aucun autre pays ne peut se targuer d'avoir une production aussi cohérente que le nôtre. La France possède vraiment un patrimoine viticole unique au monde.
Les Américains sont-ils de fins connaisseurs en matière d'œnologie ?
Pascaline Lepeltier : Il y a, à New York par exemple, de très grands amateurs, des fanatiques même, qui vont plusieurs fois par an en France pour visiter des caves, faire des dégustations. Certains connaissent probablement mieux la Bourgogne que moi ! Par ailleurs, les vignerons français traversent aussi l'Atlantique car New-York représente un gros marché. Ici, il y a des dégustations tout le temps, les amateurs de vin adorent rencontrer les producteurs français, discuter en direct avec eux, goûter leurs bouteilles.
"La France possède un patrimoine viticole unique au monde"
Quels sont les vins qui ont aujourd'hui le vent en poupe ?
Pascaline Lepeltier : Les grands classiques de la viticulture française se vendent toujours très bien. Mais il y a aussi une très forte demande pour des appellations un peu moins connues, un peu moins prestigieuses. Les vins du Jura – les Arbois, les Savagnins – ont actuellement une énorme cote. Tout comme ceux issus du nord des Côtes-du-Rhône et de la vallée de la Loire. À New-York, il y a aussi un très fort engouement pour les vins nature ou biodynamique.
Vous qui avez grandi à Angers, vous devez apprécier cette reconnaissance des vins de Loire…
Pascaline Lepeltier : Absolument. Et ils le méritent ! Les vins de Loire ont un rapport qualité/prix incroyable. On y trouve notamment de très grands blancs secs. En termes de profil aromatique, par exemple, certains Muscadets de producteur sont fantastiques. Ils ont une fraicheur en bouche, une acidité maîtrisée, des notes subtiles, savoureuses, salines… Si vous aimez le pinot noir, il y a aussi des Sancerre extraordinaires. Et pour les vins effervescents, goûtez-donc les Crémants de Loire produits aux alentours de Vouvray. Les vins de Loire ont atteint un niveau de classe mondiale, pour des prix extrêmement doux.
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Par Stéphane Béchaux
Journaliste défricheur. J'aime explorer les coulisses, les bas-côtés, les arrière-cours. Et faire parler les autres de leur métier, de leurs passions.