La France, destination n°1 mondiale du naturisme, attire chaque année plus de 2,6 millions d’adeptes réguliers. Marion, 30 ans et originaire de Paris, nous raconte sa première fois dans le plus vieux domaine naturiste d’Europe. Immersion en « terre du nu ».
*C’était dans les Landes, au bord de l’océan Atlantique, à la pointe du Médoc. Ici, le cadre du domaine de Montalivet est idéal pour se reconnecter avec la nature. Prendre son vélo, sentir l’air iodé et se retrouver nue parmi les 200 ha de pins maritimes est un sentiment unique. Si je reviens, c’est bien pour la beauté préservée et l’authenticité du lieu. *
France.fr - naturisme et nudisme : quelle est la différence ?
Marion : Le naturisme est une philosophie de vie à part entière. C’est avant tout être plus proche de la nature dans tout son ensemble. À la manière d’un écosystème, si vous voulez. La pratique englobe un comportement respectueux, une responsabilité environnementale, un état d’esprit de partage et d’entraide vis-à-vis de la communauté. Le nudisme est bien plus lié au plaisir d’être nu. De manière générale, la pratique relève plutôt du culte du corps.
France.fr - À quelle occasion avez-vous débuté l’expérience ?
Marion : À vrai dire, ma première fois était un peu un « accident ». C’était il y a 8 ans déjà. J’avais 22 ans et ma meilleure amie, naturiste convaincue depuis son enfance, m’avait proposé de la rejoindre dans sa maison de vacances à Montalivet. À l’époque, je n’avais pas spécialement prévu de partir et n’étais pas très au fait de la pratique. C’est donc par curiosité (et aussi sur un grand coup de tête) que j’ai décidé de la suivre.
« Mon acclimatation s’est déroulée par étape : j’ai mis par exemple, quelques années avant d’aller faire mes courses, nue. »
France.fr - comment vit-on une première fois "naturiste" ?
Marion: Sociologiquement, ça n’a pas été facile au départ. Je me rappelle même avoir été gênée la première fois où les voisins sont venus nous dire bonjour entièrement nus. Mais dans l’ensemble, tout se déroule un peu par étape. On ne devient pas naturiste vacancière du jour au lendemain, il s’agit d’un apprentissage de soi à soi et surtout avec les autres. J’ai mis, par exemple, quelques années avant d’aller faire mes courses, nue. Et finalement, on se rend rapidement compte que notre rapport à autrui ne change pas tellement. Être nu dans un camp naturiste, c’est se sentir dans la masse.
France.fr - J’imagine qu’il existe des règles particulières à l’intérieur ?
Marion: « Bulle », c’est le premier mot qui me vient à l’esprit. En effet, le camp reste toujours clos et sécurisé, de façon à ce que les personnes extérieures ne puissent pas voir l’intérieur. Des caméras sont disposées un peu partout : c’est très encadré. L’objectif étant d’éviter le voyeurisme et de surtout pérenniser une ambiance bienveillante.
France.fr - Votre rapport au vêtement a dû changer non ?
Marion: Oui, complètement. Je me suis très vite rendue compte que l’habit en lui-même pouvait être un vecteur de complexes, dans sa manière d’épouser nos formes, de les mettre en avant ou non… Rentrer de vacances et remettre ses vêtements m’a fait réaliser à quel point nous nous habillons selon des codes sociaux préétablis. Quelque part, pratiquer le naturisme, c’est aussi montrer que le corps parfait n’existe pas.
France.fr - Quels sont les avantages et inconvénients ?
Marion: Côté avantages, je dirais que l’on bénéficie d’une véritable bulle de reconnexion dans un environnement magnifique, en pleine nature. J’ai remarqué notamment qu’il existait quelque chose de commun et de personnel à pratiquer le naturisme. Le coté personnel se traduit par une introspection et une acceptation personnelle de son propre corps tandis que l’aspect commun se manifeste par l’idée d’être nu ensemble. Nous avons tous des corps différents mais nous sommes tous dans le même bateau finalement. Pour aller plus loin, la barrière sociale tombe également. Une fois nu, les hiérarchies sont gommées : « et maintenant, tu es qui ? »
Mais selon moi, cette bulle peut aussi être à double tranchant. L’aspect communautariste peut évidemment déranger. À la manière d’un village, tout le monde sait ce que fait tout le monde. Le manque d’intimité et d’indépendance peuvent être un frein. Je comprends donc tout à fait que certains vacanciers ne se retrouvent pas dans cette pratique.
France.fr- quel regard portez-vous sur ce mode de vie ?
Marion : De plus en plus de vacanciers demandent à avoir le wifi, les chaines tv, leur ordinateur… Je trouve que l’on sort un peu des principes du naturisme même. Dans les années 70, le camp était petit, avec pas forcément d’électricité pour un vrai retour à la nature. De plus en plus de sujets inhérents à la société de consommation divisent aujourd’hui la communauté. Pour ma part, ma philosophie est la suivante : partager ensemble une expérience, s’entraider entre voisins, vivre ensemble, faire des rencontres humaines et, si possible, manger en circuit court pour respecter les petits producteurs et la nature.
France.fr: quel est le petit plus qui vous fait revenir chaque année ?
Marion : Le fait de ne pas chercher le matin mes vêtements et de partir avec une valise légère entre les mains. Le cadre, également : prendre son vélo nue et se retrouver dans une forêt de pins, au milieu d’un cadre préservé est une sensation que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.
France.fr: un mot ou une phrase pour donner envie aux éventuels néophytes ?
Marion: Sans hésiter : l’acceptation de soi et la reconnexion totale à la nature. Deux éléments qui font du naturisme une expérience aussi singulière que libératrice !
Par Rédaction France.fr
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