La presse américaine l’a surnommé le « Roi de Paris ». Comme tout monarque, Yves Saint Laurent mérite bien un palais à sa mesure. Le célèbre couturier, qui a célébré le mariage de la mode et de l’art, a son musée qui occupe la maison de couture historique du XVIe arrondissement de Paris. Là, naquirent durant près de 30 ans (de 1974 à 2002) les créations du génie de la mode. Pleins feux sur ces lieux en compagnie de Nathalie Crinière, scénographe de ce temple de la mode.
Q/La Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent proposait au public de partager l’univers du célèbre couturier. En quoi le Musée Yves Saint Laurent Paris est-il différent de la fondation ?
Nathalie Crinière - Certes le musée occupe les mêmes lieux, mais l’expérience vécue par le visiteur est complètement différente. Il peut désormais visiter le studio du célèbre couturier. Tout se passe comme si Yves Saint Laurent était encore présent à sa table de travail. L’ambiance du bureau est entièrement préservée. On pénètre dans la réalité quotidienne du créateur au travail.
Q/Qu’elle a été le fil conducteur dans la création de votre scénographie ?
N C - Nous avons fait en sorte que ce lieu soit habité par la présence d’Yves Saint Laurent. Sur les 3 niveaux d’exposition, le visiteur est en contact direct avec les vêtements du créateur. Pas de vitrines, mais des œuvres simplement maintenues à distance, telles que la fameuse robe ‘’Mondrian’’, ou le non moins célèbre smoking. Le visiteur est ainsi plongé au cœur de la création de la célèbre maison de couture : croquis, planches de collection, photographies…
Q/À vous écouter, on dirait que le visiteur devient, en quelque sorte, l’invité du jour d’Yves Saint Laurent ?
N C - Exactement. Tel un client, vous pénétrez par l’entrée principale qui débouche directement dans les salons de haute couture. La visite se poursuit dans une ambiance très intimiste où la sobriété de la scénographie est de mise afin que les œuvres ressortent parfaitement d’un décor où la couleur est toutefois omniprésente. Yves Saint Laurent adorait les couleurs, nous lui rendons hommage en proposant des décors, des murs et des moquettes très colorés.
Q/Quel a été votre plus gros défi lors de l’élaboration de votre travail de scénographe ?
N C - La conservation des créations d’Yves Saint Laurent est notre défi majeur. En effet, nous souhaitons que les expositions changent le plus souvent possible (entre 3 et 6 mois) afin que les 5 000 vêtements et autres accessoires soient exposés au fil du temps. Pour ce faire, un dispositif sophistiqué est installé pour faire tourner les modèles des collections avec un minimum de manipulation d’œuvres ô combien fragiles.
Q/Quelles sensations voulez-vous susciter chez les passionnés d’Yves Saint Laurent ?
N C - J’aimerais qu’ils sortent de la visite (1 heure) avec un sentiment d’émerveillement et de beauté. J’espère que nos visiteurs partagent un témoignage de notre temps. Un lieu peuplé de vêtements intemporels, marqueurs d’une époque à transmettre aux prochaines générations.
Par France.fr
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