Le Portrait de la jeune fille en feu enflamme les écrans du monde entier, en remportant le prix du scénario et Queer Palm au Festival de Cannes 2019, ainsi que le César de la meilleure photographie en 2020.
Céline Sciamma raconte l'histoire d'amour de Marianne (Noémie Merlant), peintre, et d'Héloïse (Adèle Haenel), sa muse réticente à l'approche d'un mariage arrangé dans la France du XVIIIe siècle. L'amour entre les deux jeunes filles jaillit au milieu des falaises solitaires de Bretagne, mais s'enflamme sous le toit protecteur du château ancestral d'Héloïse, dans une oasis réservée aux femmes, avant que l'héritière ne soit envoyée à Milan pour épouser un homme qu'elle n'aime, ni ne connaît.
Entre les eaux déferlantes, le feu qui crépite et la passion à couper le souffle se trouve le château de pierre. Situé le long de la côte bretonne dans le film, la demeure se trouve en fait à une heure de Paris, dans le luxuriant département de la Seine-et-Marne. Ce château - La Chapelle-Gauthier- sera bientôt ouvert au public... Spoilers en perspective.
Le château d'Héloïse
"Grâce à Céline Sciamma, nous avons pu transporter notre château au bord de la mer"
note en plaisantant Maryline Alguacil-Preslier, adjointe au maire de La Chapelle-Gauthier chargée de la culture. "En août dernier, nous avons été contactés par un agent qui cherchait un château du XVIIe ou XVIIIe siècle, pas trop voyant ni trop loin de Paris pour ce film".
La morosité du bord de mer breton ajoute une touche de nostalgie gothique à Portrait de la jeune fille en feu. Cependant, l'aura du château de La Chapelle-Gauthier donne une atmosphère similaire au récit, qui reprend des éléments d'Orphée et d'Eurydice et remplace le monde souterrain par ce beau domaine. Le tournage s'est principalement déroulé dans la grande salle, la bibliothèque, l'atelier et le grand escalier, dans l'aile ouest du château du XVIIe siècle, selon Alguacil-Preslier.
Dans le film, le château semble en grande partie dépourvu de mobilier, ce qui renforce l'intimité entre les femmes et permet à la beauté spartiate des briques blondes de briller. Le château est le cadre parfait pour les derniers jours de liberté d'Héloïse, faisant écho à la liberté homosociale de l'école du couvent qu'elle vient de quitter alors qu'elle commence une toute nouvelle initiation, en tombant amoureuse de sa portraitiste.
Malgré la beauté évidente du château qui reflète les éléments doux-amers de l'histoire, la réalisatrice Céline Sciamma note que le tournage dans le château de La Chapelle-Gauthier lui a posé quelques difficultés : "Il y a eu les travaux intérieurs, pour lesquels nous avons dû beaucoup mobiliser de lumière. Le château n'était pas un endroit facile à éclairer. Il y avait un premier étage avec des douves, donc nous avions une structure incroyable avec beaucoup de projecteurs, ce qui nécessitait une très très grande précision. Avec cette idée, ce que nous avons capturé est moins dans les références picturales que dans leur invention. Inventer notre image".
Un château en brique et en mortier
Le maire, dont le bureau se trouve dans l'aile Est du château, promet que le château sera bientôt ouvert aux visiteurs. Maryline Alguacil-Preslier note que l'atelier et la grande cuisine ont conservé certains décors du film, qui intéresseront particulièrement les cinéphiles lors des visites guidées.
Depuis 2019, le château de La Chapelle participe à la Nuits des Châteaux, un événement au cours duquel 100 châteaux de France accueillent les visiteurs à leur porte pour des attractions et des spectacles sous les étoiles. Le château prévoit d'y participer à nouveau à l'automne 2020.
Si vous souhaitez aider ce magnifique décor du Portrait de la jeune fille en feu, le château accepte les dons par l'intermédiaire de la Mission Stéphane Bern, associée à la Fondation du Patrimoine. Les représentants espèrent récolter 51 890 € pour restaurer divers éléments de la structure, dont sa fameuse Tour Carrée.
Par Andrew Milne