Voir défiler les paysages au rythme des tours de roue, découvrir des pépites nichées au coin de virages, voilà longtemps que Myriam et Pierre caressent le rêve d’explorer un bout de France à vélo. Direction la voie verte du canal des Deux-Mers reliant la côte Atlantique à la mer Méditerranée, l’un des itinéraires cyclables les plus accessibles que l’on soit valide ou en situation de handicap. Vélo électrique pour l'un, roue électrique fixée au fauteuil roulant pour l'autre, en 4 jours, le couple d’aventuriers handi-valide parcourt 270 km entre Bordeaux et Toulouse. Voici le récit de leur périple.
Jour 1 : Bordeaux – La Réole (77km, environ 5h30)
Le miroir d’eau de Bordeaux marque le point de départ de notre périple. On emprunte la piste cyclable pour traverser le pont de Pierre et rejoindre la voie verte qui nous mènera jusqu’à La Réole.
Dès les premiers kilomètres, nous passons de la forêt aux vignes, puis aux champs de tournesols en fleurs. Les couleurs sont superbes et le dépaysement est total ! Nous pique-niquons au pied de la colline où trône les ruines de l’Abbaye de La Sauve-Majeure. On l’imagine, imposante et majestueuse, à son heure de gloire.
La route est plate et agréable, on prend notre temps et on profite de ce trajet pour une mise en jambes progressive au fil des paysages. À une dizaine de kilomètres de l’arrivée, nous quittons la piste cyclable pour emprunter une route départementale. Nous sommes sollicités autant dans l’effort sur cette portion très vallonnée que dans l’attention car les automobilistes roulent vite.
Après un diner réparateur à La Réole, nous rejoignons notre hébergement sur les bords de la Garonne. L’ambiance est paisible, le canal des Deux-Mers n’est plus très loin !
Jour 2 : La Réole – Sérignac-sur-Garonne (72km, environ 5h)
Quelques kilomètres après avoir quitté notre hébergement, nous rejoignons la quiétude du canal.
Jusqu’à Toulouse, le canal des Deux-Mers, alternant entre revêtement goudronné et gravier fin (fine couche sur un sol dur), est entièrement accessible en fauteuil roulant. Les pistes cyclables sont souvent jalonnées de barrières pour empêcher les voitures de passer, qui peuvent s’avérer gênantes pour les handbikes. Nous sommes agréablement surpris d’en croiser assez peu sur notre route, suffisamment large et espacée pour passer avec notre équipement. Lorsque, sur certaines portions, les racines deviennent apparentes, nous ralentissons légèrement l’allure : on ne veut pas prendre de risque avec le fauteuil de Pierre, mais l’entretien du parcours ne pose généralement aucun problème.
Au gré du vent, les feuilles des platanes virevoltent dans les airs avant de se poser délicatement à la surface de l’eau. Nous croisons les premières écluses où nous nous amusons à observer les bateaux monter et descendre avant de continuer leur chemin. À vélo, le passage des écluses est assez raide et peut se révéler sportif quand on est en fauteuil roulant. Il ne faut pas hésiter à prendre de l’élan ! L’assistance électrique ou une légère poussée des coéquipiers fait le reste !
À la moitié de l’étape, le Mas-d’Agenais est l’endroit idéal pour faire une pause après un dernier effort pour parvenir en haut de la colline ! Après une visite de l’église Saint-Vincent pour voir un tableau de Rembrandt (il y a une marche pour entrer dans l’église), on s’installe à l’ombre des arcades de la place du marché pour déjeuner. Ressourcés et batteries rechargées, on redescend de la colline pour rejoindre le bord de l’eau.
Jour 3 : Sérignac-sur-Garonne – Moissac (56km, environ 3h)
Après deux jours de beau temps, la pluie s’invite au troisième jour de notre périple. Cela n’entache pas notre envie d’avancer le plus possible. Juste avant Agen, nous nous mettons à l’abri pour déguster quelques huitres dans une guinguette. La pluie redoublant d’intensité, nous devons nous résigner à prendre un train pour rejoindre Moissac.
Pour atteindre la gare, nous empruntons le premier pont-canal de France construit en 1839 ! Cet ouvrage enjambe la Garonne sur un peu plus de 500 mètres et facilitait le transport des marchandises entre Bordeaux et Toulouse. Il est aujourd’hui uniquement emprunté par des plaisanciers. Nous terminons cette journée au chaud dans notre hébergement avec l’espoir de pouvoir reprendre les vélos le lendemain.
À noter : avant de monter dans un train en fauteuil roulant, il est important de s’assurer que la gare de destination est bien accessible. Toutes les informations sont disponibles sur le site de la SNCF
Jour 4 : Moissac – Toulouse (70km, environ 4h30)
Le soleil est de retour et avant de quitter Moissac, on visite l’abbatiale de Saint-Pierre et son magnifique cloître roman construit à la fin du XIe siècle. On passe ensuite sur le marché de la place des Récollets à la recherche de victuailles pour notre pique-nique. L’heure de départ de cette dernière étape a sonné.
À la sortie de Moissac, on emprunte un autre pont-canal, au-dessus du Tarn cette fois. Construit partiellement en briques de Toulouse en 1844, le soleil lui donne des tons rouges qui ressortent sur le vert sombre des arbres qui se reflètent dans l’eau, c’est sublime ! Après la pente d’eau de Montech et son ingénieux système pour éviter les écluses aux bateaux de marchandises, nous profitons de traverser un petit port de plaisance pour un dernier arrêt et déguster la charcuterie et les fromages achetés le matin.
Nous filons ensuite, quasiment seuls, à toute vitesse le long des platanes. Plus nous nous rapprochons de notre destination, plus les promeneurs se font nombreux. C’est au port de l’Embouchure que le canal des Deux-Mers prend fin et devient le canal du Midi. Nous retrouvons le tumulte de la ville que nous avions presque oublié pendant ces quatre jours en pleine nature. La place du Capitole et la croix occitane marquent la fin de notre aventure à vélo !
On est définitivement amoureux des aventures à vélo ! Ces quatre jours sur le canal des Deux-Mers nous confirment que mobilité douce et fauteuil roulant ne sont pas incompatibles. C’est le moyen idéal pour découvrir des régions de France d’une beauté souvent insoupçonnée qui méritent d’y passer plus de temps que lors d’un trajet en voiture. Alors quand est-ce que vous partez pour votre prochaine aventure ?
Bon à savoir : Comment organiser une itinérance à vélo en fauteuil roulant ?
Partir à vélo quelques jours est facile à organiser pour une personne valide grâce à un large choix de loueurs et hébergements. Quand on est fauteuil roulant, mieux vaut anticiper pour éviter les mauvaises surprises !
Dans un premier temps, le plus important est de trouver des logements accessibles pour être en mesure de se reposer et reprendre des forces pour l’étape suivante. Retrouvez toutes nos adresses avec détail d’accessibilité sur notre carte Mapstr
Dans un deuxième temps, il faut choisir l’équipement qui convient le mieux en fonction de son handicap. Pierre a opté pour une roue qui se fixe sur son châssis. Elle est équipée d’un maindalier et d’une assistance électrique pour accompagner son effort. Amovible, elle permet de limiter les transferts au moment des pauses : il suffit de la détacher pour retrouver la taille réduite et la mobilité de son fauteuil ! Sur le canal des Deux-Mers, mieux vaut venir avec son propre matériel : à notre connaissance, difficile de trouver des handbikes en location ! Le site Locapino propose la location de tandem.
Par Rédaction France.fr
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