24 heures comme une reine à Massillan en Provence

À la construction du Château de Massillan, en 1555, sa propriétaire Diane de Poitiers a près de 60 ans. C’est une des plus belles femmes du royaume, et la favorite d’Henri II depuis 36 ans. Ses secrets de beauté : une alimentation saine et des bains glacés.

Le Bio Spa du Château de Massillan, ouvert en septembre 2019, est moins cruel. On entre dans une eau à 30° qui enveloppe gentiment, bouillonne sur le matelas à bulles ou s’échappe avec douceur du col de cygne.

La vue sur les arbres participe à la quiétude. Au sortir du hammam ou du sauna, on se frictionne de glace pilée, avec une pensée admirative pour Diane.

Bordée par le corps de logis Renaissance et par des écuries reconverties en bastide, la cour accueille les repas aux beaux jours – ils sont servis sinon dans une extension lumineuse. On y observe cyprès, fontaines et trois troncs d’arbres fossilisés. "J’ai eu ici le coup de foudre pour Massillan, et j’y ai rencontré ma femme", témoigne Didier Perréol, le propriétaire.

Pour ce pionnier du bio, "il faut alimenter correctement notre deuxième cerveau". Taureau aux anchois ou poisson du jour s’accompagnent de légumes du potager Bio certifié Ecocert et souvent du quinoa que Didier a fait connaître en France. Le maître des lieux est d'ailleurs soigneusement aidé dans sa démarche par son chef Sébastien Nouveau, adepte lui aussi avec sa brigade, d'une gastronomie en harmonie avec la nature. Quant aux vins, la carte de Massillan valorise la production en biodynamie, comme à la Guicharde, la propriété voisine.

Dans le bâtiment du 16e siècle, le vernis des escaliers s’écaille avec élégance. Les miroirs des dix chambres gardent leurs reflets dépolis. Utilisant pierres, chaux et matériaux nobles, la rénovation a respecté la patine des ans.

Les hautes persiennes closes, et on s’endort. Est-ce dû au matelas en latex naturel ? Ou, qui sait, au fait qu’un expert en feng shui a nettoyé les lieux des mauvaises énergies ? Seul l’amour partagé d’un roi de France pour sa muse hante les lieux.

Sous l’allée de platanes, centenaires et penchés, une escarpolette offre une vue assez complète du château. Un restaurant vitré et de plain-pied d’un côté, un cube sur trois étages – le spa – encadrent les deux tours du bâtiment.

Et en se balançant, on entend coasser les grenouilles qui profitent, luxe en Provence, d’un bel étang et d’un ruisseau.

C’est lorsque le soleil couchant embrase les vignobles que le potager révèle ses nuances, ses odeurs et ses sons. Ses 4 000 m² ne sont pas bien peignés comme un jardin à la française.

Cassissiers, tomates, aubergines et autres courges nouent des liaisons éphémères, s’échappent de leurs carrés et s’acoquinent avec un figuier, là des passiflores. Des poules padoue chamoisées au port fier admirent le spectacle. C’est évidemment là que s’approvisionne le chef du restaurant du Château de Massillan.

À la hauteur des tourelles du château, le toit du Bio-Spa abrite à son troisième niveau une salle de repos en plein air. Depuis les chaises-longues, on jouit d’un panorama à 360° sur le massif d’Uchaux, emmitouflé de serviettes en coton bio - mais pas trop.

"Pour limiter les lessives, nous encourageons un usage modéré des serviettes. Nous utilisons des tongs recyclées. Nos appareils de sport sont en bois et non-électriques. Les produits d’entretien sont bio comme ceux utilisés dans les massages, puisant dans la marque Biovive", explique Sophie Vollot, la manager du spa. "Notre mission consiste aussi à sensibiliser la clientèle et à lui faire comprendre qu’elle n’est pas, loin de là, dans un château comme les autres." Et qu’il est possible d’allier confort et respect de la nature.